Opus 27

C'est l'histoire des gestes que l'on répète en y mettant toujours la même signification. Une traversée critique des rites et rituels de nos existences, qu'ils soient profanes ou sacrés. Le champ est vaste, qui va du mariage à la poignée de mains. Mais quand on a dit cela, on n'a rien dit encore, car Opus 27 est une création ouverte, éclatée en performances infiltrées de théâtre, de danse, de musique, de parole et d'arts plastiques. Vingt-septième spectacle de Noemi Lapzeson, l'Opus devrait engager la chorégraphe genevoise encore plus avant sur la voie d'un refus dorénavant affiché: refus du beau mouvement, refus de la danse dansée, refus de l'exaltation du corps pour lui-même. Toutes tentatives d'opposition qui dérobent toujours plus ses spectacles aux canons chorégraphiques usuels. Et qui peuvent produire, à l'extrême, de très vibrants portraits du danseur en installation. Léon Paul Fargue disait: «Le bon écrivain est celui qui enterre un mot par jour.» Définition paradoxale, applicable pourtant à Noemi Lapzeson qui doit secrètement, et depuis vingt ans, enterrer un geste chaque jour. Et progresser ainsi, non pas vers un style, ce qui serait encore, peut-être, tentation de l'esthétique, mais plutôt vers une langue essentielle. Pour investir différents lieux du Théâtre de La Comédie, Noemi Lapzeson travaille avec des artistes et artisans qui l'accompagnent depuis plusieurs années. Et les nouveaux acolytes sont tous un peu zèbres, un peu ornithorynques, comme ce musicien qui, dans une précédente pièce, embouchait son saxophone pour produire une partition de percussions.