Christine Angot lit "Les Désaxés"

Elle dérange, elle agace, elle fascine, elle captive, bref, Christine Angot ne laisse personne indifférent. Elle écrit depuis vingt ans, et voilà cinq ans que la sortie de chacun de ses livres est un événement littéraire et médiatique. Depuis la parution de "L'inceste", chaque apparition d'Angot est d'une densité inhabituelle, à la mesure de son style et de son propos. Le temps fait son oeuvre et Angot poursuit la sienne sans faiblir ni ciller. Aujourd'hui, celle que certains ont voulu figer à jamais sous sa couronne de "reine de l'auto-fiction" démontre que son écriture ne cesse d'évoluer et de surprendre. Dans "Les Désaxés", son dernier opus, changement de focale et de cadrage; le ton semble adouci et plus distancé, mais ce n'est que pour cerner encore plus implacablement la dérive d'un couple d'artistes, miné par l'impuissance et le compromis. Au sujet de ce livre, J-C Lebrun affirme dans l'Humanité :"Les Désaxés témoignent d'une prise de dimension et d'une souveraineté nouvelles et posent magistralement, dans toute leur complexité, les questions multiples auxquelles Chritine Angot se trouve affrontée depuis les débuts, en ayant choisi de faire oeuvre sur le terrain de l'intime." Avec le théâtre, Christine Angot entretient une relation forte et singulière, qui s'intensifie au fil du temps. De façon très organique, évidente, sa littérature est théâtre et son théâtre, littérature. Cette cohésion se perçoit dans sa faculté étonnante de s'approprier l'espace de jeu en lisant. Dans la lecture, sa présence à son écriture est saisissante. Sa parole se délivre alors avec une limpidité qui chasse les malentendus. **Manon Pulver** "Toute personne qui accepte d'être tiraillée a besoin ensuite d'être reconstituée par la communauté au théâtre. C'est sans doute pour ça que je fais des lectures, et pour ça aussi, la même raison, que mes textes ont besoin d'être portés au théâtre" (C.Angot LEXI/TEXT 6, 2002)