Chargée de recherches au Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale en 1952, Olga Wormser fut l’une des pionnières de l’histoire de la déportation. Mais la publication de sa thèse, Le Système concentrationnaire nazi, en mai 1968, suscita une vive polémique. Elle y commettait une erreur grave en affirmant qu’il n’y avait pas eu de
chambres à gaz dans les camps de l’Ouest. Mise à l’index et isolée, elle sombra dans la dépression. L’occasion était trop belle pour un certain Robert Faurisson, qui tenta alors de la piéger en exploitant son désarroi.
Ce destin de femme inconnue, dévouée tout entière à l’histoire des déportés, finalement broyée par son sujet et vouée à l’anonymat, a resurgi lors d’un croisement de regards. Regard porté sur Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, dont Olga fut conseillère historique: celui de l’historienne Sylvie Lindeperg dans son livre «Nuit et Brouillard», un film dans l’histoire. Regard aussi que le cinéaste Jean-Louis Comolli a porté sur les deux femmes, dans son documentaire Face aux fantômes, faisant apparaître leurs traits communs, et les difficultés de leur métier.
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Comment le théâtre peut-il à son tour rendre compte du geste de l’historien, de ses découvertes et de ses erreurs? Comment vient-il s’inscrire dans le territoire de la recherche historique? En partenariat avec Visions du Réel, cet essai de théâtredocument sur l’histoire d’Olga Wormser et celle des déportés de la Seconde Guerre mondiale se présentera sous la forme d’une constellation de travaux. Enquêtes, récits et témoignages tenteront d’articuler la représentation et l’image d’archive, le jeu théâtral et les enjeux de l’Histoire. La mission est confiée au Collectif de la Comédie constitué de Cédric Dorier et Nalini Menamkat.