Sa nuit de noce avec la belle Alcmène à peine terminée, Amphitryon part à la guerre. Jupiter, en séducteur chevronné, tombe sous le charme de la jeune épouse et prend les traits de son guerrier de mari pour se glisser dans le lit de la jeune femme. Pendant ce temps, Mercure, son allié, monte la garde. Il a pris l’apparence du valet d’Amphitryon, Sosie. Quelle n’est pas la stupeur de celui-ci lorsque, précédant son maître pour annoncer sa victoire, il se retrouve face à face avec cet «autre moi»!
Ce jeu de doubles est le point de départ d’un joyeux enchaînement de quiproquos, qui, pour le jeune couple, se transformera peu à peu en «cruel martyre». Car si du côté des valets la comédie semble battre son plein, il y a tout lieu de se demander si Amphitryon et Alcmène sortiront indemnes de cette intrusion des dieux sur scène.
La pièce agit comme un charme: elle tient du rêve éveillé, du conte, du merveilleux. Les «caractères» chers à Molière sont bouleversés par la magie qui y opère. Leur solidité est ébranlée, et le doute, s’immisçant, révèle la fragilité des existences.
BANDE ANNONCE
ENTRETIEN AVEC NALINI MENAMKAT
C’est alors que la seconde version de Tartuffe venait d’être interdite que Molière, selon toute vraisemblance, écrivit son Amphitryon qui fut porté à la scène en janvier 1668 (il interprétait le rôle de Sosie). S’inspirant de Plaute, mais aussi de Rotrou, qui avait remis à la mode le mythe sous le titre Les Sosies en 1636, l’intrigue connaîtra d’autres adaptations, dont celles de Heinrich von Kleist (Amphitryon, 1807) et de Jean Giraudoux (Amphitryon 38, 1929).
Nalini Menamkat a fait des études de lettres et de dramaturgie. Avec la compagnie L’instant d’un espace, elle a monté L’Enfant froid de Marius von Mayenburg et 4.48 Psychose de Sarah Kane. Membre du collectif de la Comédie, elle y a mis en scène L’Image / D’un ouvrage abandonné de Samuel Beckett, Olga–un regard et 1913 de Mathieu Bertholet, spectacle anniversaire du centenaire de la Comédie.