C’est l’histoire d’un paradoxe et de ses conséquences: le prince héritier Philippe rencontre Yvonne, une fille sans charme, sans attrait, empotée et anémique. Il ne peut la souffrir, mais supporte encore moins qu’on le force à la détester, ni que la nature exige qu’on n’aime que des filles séduisantes. Il décide donc d’aimer Yvonne, et la prend pour fiancée. À la cour, le silence, les peurs et les carences de la jeune femme révèlent à chacun ses propres failles, ses propres vices. Les démons se réveillent et les monstres commencent à proliférer.
Yvonne, princesse de Bourgogne est la première pièce de Gombrowicz. Comme un geste de rébellion, joyeux et vivifiant, qui revendique son immaturité et sa jeunesse, elle se joue des formes, flirte avec plusieurs styles, le clown, l’absurde, la comédie de mœurs, la tragédie. Certaines séquences pourraient presque faire penser au film d’horreur… Tout à la fois baroque, impressionniste, poétique, contrastée, surprenante, Yvonne, à l’instar de son personnage éponyme, est fascinante.
Witold Marian Gombrowicz est né en 1904, en Pologne. En 1937, son premier roman, Ferdydurke, est un coup de maître. Suit en 1938 Yvonne, princesse de Bourgogne, qu’il avait commencé à écrire en 1933. En août 1939, la guerre le surprend en Argentine. Il y restera jusqu’en 1963, vivant dans l’indigence, publiant une autre grande pièce, Le Mariage (1948), puis un roman, Trans-Atlantique (1953). Il retourne vivre en Europe en 1963, entre l’Allemagne et la France, où il meurt en 1969 près de Nice.
Geneviève Guhl est comédienne et metteure en scène. Avec sa compagnie L’ascenseur à poissons, fondée en 2000, elle a créé notamment Pour une absente de Manon Pulver (2001), Ça dépend du temps qu’il fera, un portrait intime de la vie sur terre (2008-2011) et Opus incertum, empilement de listes (2011-2013).