En Suisse, on a déjà pu admirer ses talents d’auteur avec Requiem pour Srebrenica au Théâtre du Loup, Épître aux jeunes acteurs au Châtelard, Illusions comiques et, plus récemment, Siegfried, nocturne à la Comédie. Que dire de ses somptueuses mises en scène de théâtre – l’intégrale du Soulier de satin – ou d’opéra – Les Contes d’Hoffmann, Der Freischütz ou encore Tristan und Isolde au Grand Théâtre... Olivier Py, directeur depuis septembre 2013 du Festival d’Avignon, nous revient aujourd’hui avec une comédie politique et picaresque, Orlando ou l’impatience.
La pièce a des allures de «métacomédie»: à travers la quête du personnage éponyme – Orlando, qui se lance sur les traces d’un père qu’il n’a pas connu –, c’est le tour du théâtre que l’on fait, comme on ferait le tour du monde. Car chacun des pères possibles d’Orlando est aussi un théâtre possible: le premier est un metteur en scène de tragédies politiques, le deuxième de comédies érotiques, le troisième de poèmes religieux obscurs... Orlando ou l’impatience parle donc de théâtre. Mais dépasse largement ce cadre. Car on y rêve aussi d’une nouvelle éthique, d’un nouveau rapport au monde. On y entend résonner des questions: la politique a-t-elle remplacé le politique, le sexe est-il aujourd’hui un vecteur normalisateur et réactionnaire, la foi peut-elle survivre à l’effondrement intellectuel des religions? Et, comme toujours chez Py, ce qui nous emporte, c’est le souffle du poème, la grandeur de la métaphore.
Olivier Py est écrivain, comédien, réalisateur, metteur en scène de théâtre et d’opéra. Après un mandat à la tête du Théâtre de l’Odéon (2007-2012), il devient directeur du Festival d’Avignon. Son écriture, inventive et lyrique, est influencée par Claudel et Genet. Parmi ses récentes créations, on peut citer Prométhée enchaîné d’Eschyle, Aïda de Verdi, Dialogues des carmélites de Poulenc et Bernanos.