C’est un appel à restituer aux mots leur sens et leur force. C’est la supplique d’une tragédienne en robe blanche et fleurs fanées, « pour que soit rendue la Parole à la Parole ». Car, dit-elle, « un monde où les mots n’ont plus de valeur, cela a un nom : cela s’appelle l’enfer ». Elle se lance dans un réquisitoire bref, drôle, flamboyant contre la démission de la pensée, les chantres de la « communication » et autres « baudruches » culturelles.
Anne Durand passe d’un rôle à l’autre, de la tragédienne – cette magnifique créature théâtrale que l’on retrouve si souvent chez Olivier Py – aux personnages qui l’interpellent: un responsable culturel « propagandiste de la société de consolation », un « policier du désir » avide d’érotisme, un ministre de la communication, un directeur de conservatoire, toutes les figures qui dirigent, programment, font et défont le milieu théâtral. Jusqu’au moment où la parole se déplace et où la relève du théâtre semble promise.
Un texte vigoureux, lyrique, libertaire et subversif – couronné de succès lors de sa création au Châtelard en 2002 –, dont Hervé Loichemol propose cette saison une mise en scène nouvelle.
Olivier Py est écrivain, comédien, réalisateur, metteur en scène de théâtre et d’opéra. Ancien directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, il dirige actuellement le Festival d’Avignon. Son écriture, inventive et lyrique, est influencée par Claudel et Genet. Parmi ses publications récentes, aux éditions Actes Sud, on peut citer : Les Mille et Une Définitions du théâtre (2013), Siegfried, nocturne créé à la Comédie par Hervé Loichemol (2013), Excelsior (2014), et Orlando ou l’impatience, un texte qu’il a lui-même mis en scène, en tournée à la Comédie la saison passée.