Catherine Marnas avait enchanté le plateau de la Comédie en 2012 avec son adaptation du roman de Nancy Huston, Lignes de faille. Cette saison, c’est son adaptation de Lorenzaccio que l’on aura le plaisir de découvrir : une version plus «nerveuse» que l’originale, une intrigue resserrée pour huit comédiens, qui laisse de l’espace à des séquences visuelles, dansées, carnavalesques – mais fidèle à Musset, à la poésie de sa langue.
Pour la metteure en scène, il existe bien des points communs entre Lorenzaccio et notre époque : le mal-être, l’amertume d’une jeunesse déçue par l’inanité de toute action politique, le regain de tendances réactionnaires, le cynisme de la classe dirigeante... Cependant une ligne plus ténue, plus obscure, l’attire dans cette œuvre : un écho poétique et philosophique qui, au-delà de l’apocalypse annoncée de notre monde, porte le désir d’un changement possible. Lequel ?
Lorsqu’il écrit Lorenzaccio, Alfred de Musset (1810-1857) a 24 ans. Le jeune auteur, qui a essuyé quatre ans plus tôt un échec avec La Nuit vénitienne, s’y dégage des contraintes de la représentation, et livre une œuvre démesurée – trente-neuf tableaux, une centaine de rôles – qu’il ne verra jamais représentée de son vivant.
Catherine Marnas est metteure en scène, fondatrice de la Cie Parnas. Elle a été professeure d’interprétation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (CNSAD) de 1998 à 2001 et a enseigné à l’École régionale d’acteurs de Cannes. Elle est directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (TNBA) et de l’École supérieure de théâtre de Bordeaux en Aquitaine (ESTBA) depuis le 1er janvier 2014.